Pascal Fayeton

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Pascal Fayeton

Exil #2 Et maintenant

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Alain et moi avons réalisé par touches de lumières successives cette oeuvre avec les chibanis. Nous avons impliqué les sujets dans le choix de mise en scène. L’ensemble de l’image est une superposition de différentes vues réalisées. Pour le son, nous avons enregistré leur parole dans le contexte de leur lieu de vie.

De la rencontre avec "les publics" restent une création photographique et sonore qui questionne le visiteur du théâtre, sur ce que sont les formes d'exils mais aussi sur la réalisation d'une image ou d'un son. Nous avons composé tour à tour avec Lahcenne, Ramdane, Nasser, Bouziane, Farhat, Omar, une œuvre photographique et sonore. Nous avons entendu les récits des vieux migrants retraçant jusqu’à ce jour les transformations d’un homme à l’autre. S’ils avaient, sur le parcours, fait fortune, le retour aurait été facile. Mais étaient-ils partis pour cette raison ? Était-ce même la motivation du départ ? L’idée même était-elle envisageable après quelques années de travail à l’étranger ? Quels rêves, quels valeurs ou traits de caractère ont fait ces hommes ?

Quels sont les contes reracontés… des comptes toujours recalculés.
Des années
Des mètres carrés
Des prières
Des ordonnances
Des points à la belote
Des allers-retours à l’année

Quelles représentations de l’exilé peut-on partager? Aujourd’hui, la mémoire d’une autre époque éclaire la nôtre. D’Ulysse nous évoquerons les figures de l’enfant, du voyageur, du travailleur, de l’aventurier du père et de l’époux. Du Minotaure nous interrogerons le dédale solitaire privant de l’expérience de l’Autre. De la satisfaction de voir encore le monde nouveau à la colère de l’abandon, nous avons avec eux, en écoutant leur trajectoire, recomposé de toutes pièces des personnages métaphoriques aux silhouettes viriles.

L’un au son, l’autre à la photographie, nous avons réalisé par touches de lumières successives cette œuvre avec les chibanis. Nous avons impliqué les sujets dans le choix de mise en scène. L’ensemble de l’image est une superposition de différentes vues réalisées soit au moment de l’exposition, en pause longue, soit après les prises de vue en superposant différents calques. Le résultat vise, en les rendant ainsi visibles, à interroger la réalité. Pour le son, nous avons enregistré leur parole dans le contexte de leur lieu de vie. La parole des chibanis est brute, elle emporte avec elle le timbre de toute une vie, d’une culture, du passage d’une rive à l’autre.

La bande-son crée une épopée fictive à partir des documents pris sur le terrain, elle est proposée à l’écoute : le visiteur peut demander un casque à la billetterie du Théâtre. Autour des images, un haut-parleur actionné par un bouton poussoir diffuse une compilation de musiques de chanteurs des années 60 qui ont animé pour la plupart les cabarets de Paris et du Maghreb. Le choix est aléatoire, les séquences s’arrêtent à la fin du morceau, le visiteur doit relancer la musique en appuyant sur le bouton fixé au centre du vinyle

De la rencontre avec ces publics restent une création photographique et sonore qui questionne (le visiteur du théâtre, le toulonnais,…) sur ce que sont les formes d'exils mais aussi sur la réalisation d'une image ou d'un son.

La parole des chibanis est brute, elle emporte avec elle le timbre du passage d’une rive à l’autre. Écoutez la bande sonore signée d'Alain Michon !

Bande sonore

Transcription. Extrait

…/… Le champ, on ne connaissait rien d'autre. On a commencé à 5 ans jusqu'à 22 ans.

On ne connaissait pas autre chose. On ne connaissait pas le reste. On était là et le soir, on quittait le travail. On était amoureux. On chantait. On dansait. Le lendemain il fallait recommencer pareil. Parce que c'était ça.

Je suis parti à l'âge de 4 ans avec mes parents. Quand il y avait la guerre, on est parti pour la grande ville. Pour Oran.

Il y a eu 5 ans de sécheresse. Il n'y a pas eu d'eau. La terre était sèche, pourrie. On était obligé de partir. Il n'y avait rien ! Et comme les Français étaient en Algérie.

À cette époque là, les gens ramassaient les fleurs et les vendaient à la fenêtre. Et on ramassait l'escargot.
Moi je vendais l'eau.
À Oran, c'était de l'eau salée. Alors, sur un âne, une petite carriole…/…

Alors on a chargé un bourricot. Il marche doucement. Doucement. Doucement. Il marche comme une tortue.

J'allais jusqu'à la forêt. Je remplissait l'eau douce, douce ! Je revenais avec ça en ville pour la vendre 20 centimes la bombonne.

Je ramène de l'eau à la maison. L'eau qui coule comme ça, de la rivière, de l'eau qui vient de la terre. Avec un bidon. Mais le bourricot ne veut pas avancer.
J'avais une espèce de matraque solide, une matraque de bois d'olivier qui ne se casse jamais. J'étais en colère. Je l'ai mordu mais rien à faire. Tac tact tac sur le ventre, mais le sang n'est pas tombé, il a continué.

Cette histoire est vraiment dure. Dure ! Dure ! Maintenant les gens ne le croient pas et croient que vous racontez des blagues.
On a mangé de l'herbe, comme ça : verte, parce qu'il n'y avait rien.
On a mangé de l'orge, comme ça, sans la faire cuire. Et ça fait mal.

À l'âge de 4 ans, j'ai marché à pied du Maroc à Oran, 350km. On embarquais pour essayer de passer. Il y avait beaucoup de morts. Et quand on a passé de l'autre côté, on a vu des gens qui avaient allumé un grand feu et qui cuisaient des pommes de terre dedans. Ça sentait bon. On a approché. On a fait les mendiants. Des fois ils nous donnaient, des fois ils ne donnaient pas. C'était vraiment dur. Quand on pense à ça… !

Création photographique et sonore Pascal Fayeton, Alain Michon, 9 photographies seules, 2 séries de mains, 1 mixage voix, 1 mixage jukebox cabaret. Théâtre Liberté du 23 janvier au 29 février 2012

Remerciements : ADAJETI, Foyers ADOMA, Café Social de l’ATF, théâtre Liberté à Toulon

 


23 janvier 2012
9 images

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