Ces monuments ambigus de notre civilisation urbaine, qui sont là pour protéger notre civilisation de libertés incontrôlées, nous regardent et nous renvoient à la question de nos origines et du sens de notre histoire et de nos cités modernes, elles aussi sauvages et irrationnelles, alors qu’elles se présentent comme « la raison » combattant le Chaos originel…
Et tandis que « l’angle droit » et les géométries primaires ne sont jamais aussi poétiques qu’au sein de la nature la plus sauvage, ces formes pétrifiées et irrégulières ignorant des lois de la raison, en même temps qu’elles en sont ici l’instrument, ces vigies de pierre couchées contre la terre ne s’adressent plus qu’au ciel, illustrant de façon pathétique l’œuvre de notre civilisation moderne : l’assujettissement de la nature contre elle-même.
Pascal Fayeton a vu ce que personne semble-t-il n’avait perçu ; il fait parler ces pierres avec son objectif. Mais ces pierres parlent en silence, elle attendent, vigilantes, immobiles et attentives au spectacle de ce monde civilisé et insensé, qu’elles dépassent de cette profonde et immémoriale sagesse de la terre.
Stéphane Gruet